Je le répète très souvent, le parage d’un cheval doit être très régulier. Et le pareur doit être expérimenté. Sinon, les problèmes s’installent rapidement et les conséquences pour le cheval peuvent être désastreuses! Un exemple en images. L’occasion de vous montrer comment parer et rattraper les babouches d’un cheval, d’un poney ou d’un âne.
Des babouches, qu’est-ce que c’est quand on parle d’un cheval, poney ou âne ?
Des babouches, à l’origine ce sont des chaussures marocaines qui se terminent avec une pointe qui rebique vers le haut. C’est en référence à cette forme que l’on parle de babouches pour qualifier les pieds excessivement longs en pince d’un cheval, d’un poney ou d’un âne. Ces derniers sont les plus susceptibles d’en développer car on néglige souvent leur parage. De plus, des babouches apparaissent chez les équidés à la corne dure et aux pieds étroits. Car leurs sabots peuvent pousser énormément sans beaucoup d’évaser. Tout le pied s’étire alors en avant, les talons passant dessous et s’écrasant sous le poids de l’animal. Souvent, les barres recouvrent alors entièrement les lacunes. Parfois d’un seul côté du sabot, lorsque celui-ci se déforme aussi latéralement.
Attention lorsque vous voyez ce type de pieds. Ils peuvent venir d’un manque d’entretien – de parage. Mais ils apparaissent aussi plus facilement chez les chevaux, poneys ou ânes qui souffrent de fourbure. Je vous invite à lire mon article sur le sujet, mais il faut alors faire passer un vétérinaire. Ne serait-ce que pour vérifier si l’animal ne souffre pas de SME ou d’un DPIP (cushing par abus de langage.
Comment effectuer un bon parage sur les babouches d’un cheval, poney ou âne ?
Un exemple concret
Voici les pieds d’un poney que j’ai eu l’occasion de soigner en ostéopathie. À leur vue, j’ai de suite proposé de commencer par un parage. En effet, j’ai de suite constaté que ses talons étaient si longs qu’il les posait à plat sur le sol. Il marchait sur ceux-ci et non sur sa sole, tournée vers l’avant car elle avait suivi la pousse de la paroi en avant. Tout le sabot avait migré, fourchette incluse. Il avait donc des babouches. Notez la position extrême de ses boulets ! Bien entendu, il était bien douloureux pour lui de fonctionner ainsi. Il s’est d’ailleurs montré très coopératif lors du parage, il devait savoir que nous allions l’aider.
Comment ses sabots ont-ils pu en arriver à ce point ? Et bien à force de parages inadaptés. Il avait souffert de fourbure. Donc la personne qui entretenait ses pieds considérait qu’il fallait raccourcir ses sabots en pince mais surtout pas toucher aux talons. De ce fait, au fur et à mesure que le temps a passé, les talons ont poussé de plus en plus et le pied a fini par basculer. Pourtant, je n’ai trouvé aucune caractéristique de pieds fourbus chez lui. Ni corne de réparation, ni modifications de la sole, ni signes de décollement de la paroi. Est-ce à dire qu’il n’a pas été fourbu ? Non, il a pu l’être. Seulement, ses pieds n’en ont visiblement pas tant souffert que du parage inadapté. Et dans tous les cas, il est essentiel de parer les talons d’un cheval, même fourbu.
Pour bien parer des babouches, on cherche à enlever toute la matière possible pour restaurer l’équilibre et les fonctions du pieds
Dans ce cas, le parage a essentiellement consisté à descendre les talons au niveau de la sole, afin que le poney puisse de nouveau poser ses pieds normalement et redresser ses boulets. C’était primordial car avec une telle démarche les contraintes imposées aux articulations et aux tendons, notamment fléchisseurs, étaient énormes et anormales. Bien sûr, je ne me suis pas occupée que des talons. J’ai rééquilibré tout le pied et géré les évasements.
Voyez comme il a été soulagé de suite ! C’est très visible sur les photos et ça l’a été également dans sa démarche après parage. Il était alors prêt pour sa séance d’ostéopathie, dont les bienfaits ne se seraient pas aussi bien prolongés dans le temps sans une bonne gestion de ses appuis au sol.
Pour vraiment rattraper des babouches, il faut de nombreux parages bien réguliers
Bien évidemment, il est impossible de rééquilibrer complètement des sabots si déformés en un seul parage. Cela nécessite un entretien très régulier. Car même si en une pousse, donc en 8 mois environ, on peut récupérer de belles structures externes, il faut bien compter 2 à 3 ans pour que les structures internes se rééquilibrent. Soyez donc vigilant(e) à l’état des sabots de votre cheval, et réagissez de suite dès que vous voyez un problème apparaître. Car plus vous attendez et plus il faudra de temps pour réparer les dégâts. Je sais bien qu’il n’est pas toujours évident de déterminer si un pied est équilibré ou non.
Alors si vous manquez de connaissances, pensez par exemple à suivre un stage sur le pied du cheval pour en apprendre davantage sur le sujet. Cela vous aidera au moins à savoir de quoi vous parlent les professionnels et à choisir celui qui prendra le meilleur soin des pieds de votre cheval. Et, s’il vous plait, n’écoutez pas ceux qui vous disent qu’un poney ou un âne peut rester des mois sans parages parce qu’il vit au pré et ne fait rien. Pensez bien que la majorité d’entre eux ont des pieds très durs et qui poussent très vite car ils ont longtemps évolué sur des terrains difficiles. Et ce n’est pas dans un parc souple et herbeux qu’ils vont les éroder. Ils ont donc besoin de parages réguliers et sérieux, tout comme les chevaux.
Le parage est un métier ! Parer des pieds malades ou déformés ne s’improvise pas
J’en profite pour une dédicace spéciale à tous ces gens qui se considèrent professionnels après un ou deux stages d’initiation au parage. Quand vous arriverez sur des pieds comme ceux-ci, comment ferez-vous? Une erreur de parage a donné ce résultat, et il en faudrait peu pour que ce poney ne puisse plus s’en sortir. Ne prenez pas à la légère les responsabilités qui vous incombent lorsque vous parez un cheval. Vous pouvez mettre sa vie en l’air à cause de votre orgueil déplacé, alors réfléchissez-y bien tant qu’il en est encore temps et que vous n’avez pas causé de trop gros dégâts.
Prendre en charge les pieds d’un cheval demande des connaissances étendues sur leur anatomie, leur fonctionnement, la locomotion du cheval, sa physiologie, sa santé en général, et une grosse dose d’expérience. Cela ne s’improvise pas. Et même après des années d’expérience, on continue d’apprendre chaque jour, car chaque cheval est différent et nous apporte un problème spécifique qui résulte de sa morphologie, de son métabolisme et de sa locomotion particulières, ainsi que de tous les parages qu’il a connu avant de nous rencontrer.