Savez-vous que de nos jours, la grande majorité des animaux sont malades ? La plupart des chevaux souffrent d’ulcère à l’estomac, d’allergie au foin, de fourbure dite « chronique », de dermite estivale, de coliques à répétition, de gale de boue ou de tout autre mal plus ou moins grave ou invalidant dans leur vie de tous les jours. Et pourtant, ils reçoivent quantité de soins, de traitements et d’attentions quotidiennes. Alors qu’est-ce que la maladie ? Comment expliquer cette pléthore de problèmes de santé qui caractérise les chevaux d’aujourd’hui ?
Maladie, définition
Pour comprendre le pourquoi de l’apparition d’une maladie, il faut encore savoir de quoi il s’agit.
Dans un dictionnaire vous trouverez que la maladie est une altération des fonctions d’un organisme vivant. Être malade, c’est donc dysfonctionner. Le dysfonctionnement peut concerner tout l’organisme ou bien un seul de ses systèmes : digestif, cutané, respiratoire etc. Or, tout le fonctionnement de l’organisme est sous le contrôle de quatre systèmes : le système nerveux, le système endocrinien, le système immunitaire et le système bactérien (les flores cutanées et intestinales par exemple). Du bon fonctionnement de chacun de ces quatre systèmes dépend l’équilibre de tout l’organisme et donc le bon fonctionnement de tous les autres systèmes du corps.
La maladie apparaît donc suite à une rupture d’équilibre des systèmes internes de l’organisme. Ce qui signifie que la maladie vient de l’intérieur et non de l’extérieur comme on le croit souvent. Ce à quoi vous me répondrez que généralement, un problème de santé est causé par un agent extérieur au corps : bactérie, virus, parasite… Certes. Mais ces agents sont présents dans l’environnement en permanence, et le corps dispose de nombreux moyens de défense contre eux. Donc lorsqu’un agent extérieur parvient à rompre l’équilibre de l’un des systèmes du corps, c’est déjà la preuve que le système immunitaire au moins a présenté une faille. Il y avait donc bien un déséquilibre du corps en amont, même si aucun symptôme n’était visible.
Mais alors d’où vient la maladie, le déséquilibre de base qui mène à l’apparition de symptômes?
Une autre définition de la maladie
La maladie est une incohérence entre l’essence de la personne (humaine ou animale) et son existence. Par essence de la personne, j’entends sa nature profonde. Ce qu’elle est intrinsèquement, indépendamment de son éducation et de ses expériences acquises. Par essence, un cheval est un herbivore fait pour passer ses journées à marcher en mangeant des broussailles. Sa survit dépend de la végétation dont il se nourrit et pour cela il doit disposer d’un espace suffisant à couvrir ses besoins et ceux de sa famille. Il est une proie, donc un animal hypersensible qui réagit à toute modification de son environnement par une forte émotion, la peur, et qui fait redescendre cette pression par la fuite. Il est un être social et sociable dont la sécurité et le bien être reposent sur l’appartenance à un groupe de congénères au sein duquel il occupe une place et remplit un rôle défini. Tout être cheval répond à ces caractéristiques, sans exception.
Et tout être cheval a aussi ses caractéristiques essentielles propres. Ce sont sa personnalité, ses aptitudes et donc le rôle qu’il est fait pour tenir dans un groupe. Cet ensemble de spécificités définit son essence. Et tout écart qui lui est imposé par rapport à cette façon de vivre et d’être lui cause un stress profond qui retentit sur l’équilibre de ses quatre systèmes de base.
Que comprendre de cette nouvelle définition de la maladie ?
Quoi que vous fassiez, si votre cheval ne peut pas vivre en cohérence avec son essence, le stress le rendra malade. Ce stress peut être causé par le manque de mouvement, une nourriture inadaptée, le confinement dans un box où il ne peut fuir, l’isolement ou même la vie dans un groupe qui ne lui correspond pas, ou encore sa propension à réagir comme une éponge qui s’imprègne des problématiques émotionnelles de « son humain ». Et toute forme de stress finira immanquablement par provoquer l’apparition de symptômes qui seront qualifiés de maladie.
Si nos chevaux sont malades aujourd’hui, c’est à cause de notre manque de respect pour leur nature. Nous leur avons créé un monde qui nous convient et nous facilite la vie. Nous nous les rendons disponibles dans des infrastructures qui simplifient notre relation avec eux ainsi que la pratique de l’équitation. Mais ce monde ne leur correspond pas. Ils ne pourront jamais s’y adapter car il les éloigne de leur essence.
Bien sûr, aujourd’hui il est difficile d’offrir à son cheval un mode de vie idéal. Nous sommes très peu à avoir la chance de disposer d’hectares de prés où nos chevaux pourraient vivre heureux dans un troupeau qu’ils auraient choisi. Nous devons faire avec le peu que nous avons, au mieux. Mais plus nous serons nombreux à comprendre les besoins fondamentaux des chevaux et à exprimer la ferme volonté d’y répondre et plus les choses évolueront.
Que faire si votre cheval est malade ?
Votre cheval est malade ? Demandez-vous ce qui l’éloigne de son essence. Quel élément de son mode de vie ne correspond pas à ce qu’il est. Nourrissez votre cheval le plus naturellement possible. Laissez-le pieds nus. Trouvez-lui des compagnons de pré. Partagez vos prés pour qu’il ait plus de compagnons et plus d’espace. Adaptez les activités que vous pratiquez avec lui à sa personnalité et à ses aptitudes. Chaque petit effort que vous ferez sera récompensé par un plus grand équilibre et une meilleure santé de votre cheval. Vous le verrez plus heureux à chaque pas qui le rapprochera de ce qu’il est et de ce dont il a besoin.