On n’y pense pas souvent, pourtant beaucoup de chevaux ont mal au ventre. Et ces douleurs peuvent être à l’origine de raideurs, d’irrégularités dans les allures, de réactions fortes à certaines demandes, voire même de véritables boiteries. Vous me verrez donc toujours accorder du temps aux viscères d’un cheval lorsque je lui offre une séance d’ostéopathie. Car si votre cheval se sent mal, il a peut-être mal au ventre !
Les organes de votre cheval sont animés de mouvement
L’ostéopathie consiste à redonner aux organes et structures du corps leur liberté de mouvement. On y pense facilement lorsque le cheval boite ou souffre du dos, parce qu’il est évident qu’un ostéopathe est censé être en mesure de libérer les blocages articulaires. Cependant, l’appareil musculo-squelettique n’est pas le seul à être mobile ni par conséquent à pouvoir se bloquer. Les viscères eux aussi sont animés de mouvements constants !
Cela vous étonne ? Pensez simplement à ce qui se passe lorsque vous respirez. Votre diaphragme se tend et se détend de façon rythmique. Et qu’y a-t-il juste en dessous? Votre cavité abdominale ! Aussi, à chaque mouvement respiratoire, votre diaphragme met en mouvement votre estomac, votre foie et vos intestins. C’est aussi ce qui se passe lorsque vous marchez. Les contractions de vos muscles abdominaux massent en quelques sortes vos intestins et les ondes de choc dues aux poser de vos pieds se répercutent jusqu’à eux sous forme de vibrations. Vos organes viscéraux sont donc mobiles les uns par rapport aux autres et par rapport à vos muscles notamment, et la respiration et la marche participent à leur bon fonctionnement. Il en est exactement de même pour votre cheval.
S’ils sont bloqués ou dysfonctionnent, votre cheval a mal au ventre
Ainsi, de même que les vôtres, les organes de votre cheval ont une mobilité et une motilité. La mobilité, c’est ce dont je viens de vous parler dans le paragraphe précédent. La motilité, ce sont les micro mouvements propres aux organes, qui permettent notamment de faire avancer le bol alimentaire. Afin que le cheval digère correctement, il est essentiel que la mobilité et la motilité de ses viscères se fassent librement.
Malheureusement, une alimentation inadaptée qui le surcharge et le fatigue ou un blocage vertébral qui perturbe l’innervation d’un viscère peuvent entraver ses mouvements. L’organe concerné, plus ou moins immobilisé, devient souvent douloureux. Le cheval a alors mal au ventre. Et notamment lorsque cet organe est mobilisé par la respiration ou lorsqu’un mouvements particulier le comprime. Selon sa localisation, le mouvement douloureux diffère. Vous l’avez surement déjà expérimenté vous même : un mal de ventre est parfois amplifié si vous vous courbez en deux ou au contraire si vous vous redressez fortement.
Comment savoir quel organe fait souffrir votre cheval ?
Voici quelques exemples de douleurs viscérales dont votre cheval peut souffrir, en fonction de ses mouvements :
– Une jument avec un ovaire douloureux a du mal à étirer le côté de cet ovaire. Elle souffre lorsque vous reculez votre jambe pour un départ au galop ou un déplacement latéral ;
– Un cheval aux intestins douloureux peine à engager ses postérieurs comme à étirer son abdomen en poussant avec ses postérieurs. Il fait donc de tous petits pas avec ses postérieurs ;
– Un cheval avec un ulcère souffre au sanglage et se défend lorsque votre jambe gauche vient au contact ;
– Un cheval dont le foie est engorgé se défend lorsque votre jambe droite vient au contact car son foie est alors juste en dessous. Et il a du mal à galoper à droite car cela demande un recul important de son antérieur droit qui vient appuyer contre son foie douloureux.
Ainsi, si votre cheval est irascible, irrégulier, ou qu’il a de vives réactions lors de certains exercices, cela peut évidemment signifier qu’il a mal au dos par exemple. Mais pensez bien que cela peut aussi être le signe d’une douleur viscérale. Je vous en parle aujourd’hui car j’ai eu ces dernières semaine trois cas très parlants.
Quelques cas concrets
J’ai d’abord traité un cheval qui ne parvenait plus à galoper à main droite. Je n’ai trouvé aucun blocage locomoteur qui puisse le justifier. Par contre, son foie était bloqué. Je l’ai relancé, et j’ai laissé à sa soigneuse un drainant naturel. Trois jours après, le foie était reparti du bon pied et le problème résolu !
Puis, j’ai soigné une chienne pour une boiterie d’un postérieur. Cela durait depuis trois semaines sans que le vétérinaire ne parvienne à en déterminer l’origine. Il parlait d’une possible déchirure musculaire. Cette fois non plus je n’ai senti ni blocage ni déchirure. Rien dans le dos ni dans le postérieur qui puisse expliquer une si grosse boiterie. Mais ses intestins étaient extrêmement tendus, durs et douloureux. J’ai dénoué leurs tensions et relancé leur mouvement. Et la boiterie a disparu.
Ensuite, j’ai vu une jument qui boitait également d’un postérieur depuis plusieurs jours. Aucune zone de chaleur ni aucun engorgement n’avaient été détectés. Sa propriétaire la trouvait aussi différente dans sa façon d’être, et elle avait l’œil terne. Ce qui frappait le plus chez elle, c’était son ventre. Son bas ventre était gonflé et proéminent, d’une curieuse façon. Cette fois, quelques tensions étaient présentes au niveau de la hanche et du grasset de la jument. Ces tensions, comme souvent, étaient en lien direct avec ses intestins douloureux. J’ai fait avec elle un travail comparable à celui que je fais avec un cheval en colique. D’ailleurs, comme ils le font dans ce cas là, elle a éructé et flatulé à plusieurs reprises. A la fin de la séance, son œil avait changé de lueur et son ventre avait repris une forme régulière. Et il n’y avait plus de boiterie.
Comment aider votre cheval s’il a mal au ventre ?
Les cas ci-dessus ne sont que quelques exemples parmi de nombreux autres. Je les partage avec vous parce qu’ils sont tous arrivés vers moi ces derniers jours. Ils vous donnent une idée des symptômes qui peuvent faire penser à des maux de ventre. Alors la prochaine fois que votre cheval se sent mal et qu’il semble difficile de déterminer pourquoi, pensez-y ! Revoyez son alimentation et son mode de vie et faites appel à un ostéopathe compétent.
Et en attendant que je passe soulager votre cheval par une bonne séance d’ostéopathie viscérale, sachez que certains compléments naturels peuvent soulager ses douleurs.
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